Épargne de précaution : comment faire et quel montant prévoir ?

Frédéric RAYNAL
Expert en crowdfunding
jeu. 17 août 2023, 09:13
Lave-vaisselle ou ordinateur HS, casse de la boite de vitesse sur la voiture, frais de santé inattendus… voire perte d’emploi, nous avons tous rencontré, au moins une fois, une situation qui nous oblige à réaliser des dépenses qui n’étaient pas prévues. Comment faire face financièrement ? Quelle somme faut-il prévoir ? Voici l’essentiel à savoir sur l’épargne de précaution.
Qu’est-ce que l’épargne de précaution ?
Au sens large du terme, l’épargne correspond à la part des revenus d’une personne ou d’un foyer qui n’est pas consommée. Ces sommes d’argent cumulées dans le temps permettent notamment :
de faire face à des dépenses imprévues : c’est l’épargne de précaution;
de financer des projets à un horizon de court ou moyen terme (remplacement d’une toiture, construction d’une piscine, préparation d’un voyage, création d’un apport pour un projet immobilier, etc.) ;
de se constituer un patrimoine (immobilier, financier…) ou d’obtenir un complément de revenus à long terme (pour compléter sa retraite ou préparer sa succession par exemple).
L’épargne de précaution, aussi appelée fonds d’urgence, matelas de sécurité ou bas de laine, est donc destinée à couvrir des dépenses imprévisibles (une chaudière qui lâche au cœur de l’hiver, un dégât des eaux à réparer d’urgence en attendant le paiement de l'assurance, etc.), et peut aussi pallier nos étourderies (oubli de la taxe foncière par exemple).
Pourquoi se créer une épargne de précaution ?
Comme son nom l’indique, un imprévu peut subvenir n’importe quand. Par conséquent, il est crucial de se préparer pour à cette éventualité pour éviter :
de désorganiser son budget et de sacrifier certaines dépenses courantes ;
d’être obligé de recourir au découvert bancaire ou à un crédit à la consommation ;
de piocher dans son épargne à moyen ou long terme en cas de besoin, voire de devoir céder des placements avant leur terme et de subir une plus forte fiscalité.
De plus, l’épargne de précaution apporte une sécurité financière et une tranquillité d’esprit au quotidien qui vous permettra de vous concentrer sur vos projets d’avenir, de prendre des initiatives dans votre vie professionnelle, de placer une partie de votre argent sur des supports plus risqués, mais plus rémunérateur, comme la bourse ou le crowdfunding, etc.
C’est pourquoi, l’épargne de précaution ne doit pas être utilisée pour payer les dépenses courantes (loyer, électricité, alimentation, loisirs, etc.), elle doit être votre priorité en matière d’épargne, avant d’envisager une épargne liée à vos autres projets. De plus, sitôt consommée, elle doit être reconstituée au plus tôt.
Quel montant faut-il réserver à son épargne de précaution ?
On considère généralement qu’une réserve équivalente à 3 mois de revenus du ménage est un minimum pour faire face aux aléas de la vie. Toutefois, le montant de votre épargne de précaution doit d’abord correspondre à :
votre âge et votre situation personnelle: un jeune célibataire n’aura pas les mêmes besoins qu’une famille avec des enfants ou qu’un couple de retraités ;
votre situation professionnelle: un salarié en CDI ou un fonctionnaire ont généralement un revenu régulier et une certaine sécurité d’emploi, alors qu’un travailleur non salarié (TNS) ou un intérimaire, par exemple, peuvent présenter des conditions de revenus plus aléatoires ;
votre façon de vivre: chacun de nous fixe ses priorités, il faut donc aussi évaluer les dépenses mensuelles de votre propre foyer pour déterminer le montant de votre épargne de précaution ;
votre ressenti : on touche ici à l’aspect physiologique, certaines personnes ressentent la nécessité de disposer d’un matelas de sécurité bien plus important que leur besoin matériel effectif, il faut donc composer avec ce sentiment.
Dans tous les cas, il est recommandé de calculer un montant au plus proche de vos besoins réels afin d'évaluer le risque qui peut vous toucher : s’il est sous-évalué, vous risquez de ne pas pouvoir faire face aux imprévus, s’il est surévalué, vous passez sans doute à côté de placements plus rentables pour votre épargne « qui dépasse » ces 2 à 3 mois de revenus.
Comment constituer une épargne de précaution ?
Il est souvent conseillé d’épargner environ 10 % de ses revenus, pour créer son filet de sécurité dans un premier temps, puis pour investir sur des supports avec un objectif de rendement. Bien entendu, ce pourcentage doit être adapté en fonction de chaque situation et des priorités du moment.
Ensuite, plutôt que de laisser vos économies sur votre compte courant, l’ouverture d’un compte épargne dédié est préconisé. Cela évite la tentation de piocher dedans pour vos opérations courantes et permet de voir rapidement où vous en êtes.
Enfin, il est préférable de mettre de l’argent de côté tous les mois afin de lisser l’effort d’épargne dans le temps et pour créer une habitude, très utile pour montrer à votre banquier que vous pouvez supporter le remboursement d’un crédit par exemple. Pour faciliter cette démarche, vous pouvez opter pour un prélèvement automatique mensuel : vous économisez sans y penser.
Où placer son épargne de précaution ?
Tout d’abord, pour être efficace, une épargne de précaution doit réunir deux caractéristiques essentielles : être liquide (disponible à tout moment) et sécurisée, c’est-à-dire sans risque de perte en capital. En effet, il faut être sûr que cet argent pourra être mobilisé très rapidement… en cas de coup dur, quelques jours d’attente avant le déblocage des fonds peuvent parfois créer des difficultés.
Idéalement, pour éviter que les fonds ne se dévalorisent trop, on préférera des produits d’épargne à capital garanti, mais qui rapporte des intérêts, même avec un taux faible (c’est toujours mieux qu’un compte chèque).
Le choix des livrets d’épargne réglementés semble être la meilleure option pour placer son bas de laine, car ils sont sans risque pour votre capital et les intérêts sont exonérés d’impôts :
le livret A ou le livret de développement durable et solidaire (LDDS) sont rémunérés à 3 % net ;
le livret jeune, avec un taux d’intérêts entre 3 et 4 % net, mais plafonné à 1 600 € ;
le livret d’épargne populaire (LEP), si vous y êtes éligibles (sous conditions de revenus), est le placement sûr le mieux rémunéré (6 % net en août 2023).
Et après ? Une fois votre épargne de précaution constituée, vous pourrez alors dédier la part excédentaire de votre budget pour la réalisation d’autres projets ou commencer à investir votre argent dans des placements financiers, immobiliers ou autres. L’assurance-vie, les fonds d’investissement, le crowdfunding immobilier, les SCPI… sont des pistes intéressantes pour investir à plus long terme. Pour bien faire son choix, il est particulièrement important de savoir calculer le taux de rendement d'un placement.